Overblog
Editer la page Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog de Laurent Manoeuvre

Livres d'art (impressionnisme, peinture de marine)

Livres d'art : Les Pionnières, Femmes et impressionnistes

Publié par laurentmanoeuvre.over-blog.com in Livres d'art, Femmes artistes, Impressionnisme, Mary Cassatt, Berthe Morisot, Marie Bracquemond, Eva Gonzalès

 

Les Pionnières, Femmes et impressionnistes, a paru aux éditions des falaises en septembre 2016

Berthe Morisot et Mary Cassatt sont bien connues (quoique...), sans doute parce qu'elles furent liées à Manet et à Degas. Mais qui connaît Marie Bracquemond, qui exposa aux côtés des impressionnistes de 1879 à 1886 ? Eva Gonzalès ne participa jamais aux expositions impressionnistes, pas plus que son maître et ami Manet. Elle n'est pas tout à fait oubliée, au contraire de sa sœur Jeanne, que Huysmans qualifie aussi, et à juste titre, d'élève de Manet. Quant à Jeanne Baudot, l'élève de Renoir, difficile de repérer une de ses œuvres aujourd'hui, alors qu'elle bénéficia d'une exposition rétrospective chez Durand-Ruel en 1960. Le catalogue en était préfacé par son filleul, le cinéaste Jean Renoir.

Mais l'impressionnisme, et le néo-impressionnisme, sont rapidement adoptés par de nombreuses artistes, venues de tous horizons. Ainsi, la Belge Anna Boch, qui  acheta en outre des peintures de Vincent Van Gogh, du vivant de ce dernier, « La Vigne rouge à Mont-Majour » (Moscou, musée Pouchkine) et « Plaine de la Crau, pêchers en fleurs » (Londres, Courtauld Institute), mais aussi de Gauguin, Seurat, Signac, qu'elle donna aux musées royaux des beaux-arts de Bruxelles. Elles sont Finlandaises (Maria Wiick ou Helene Schjerfbeck), Norvégiennes (notamment Harriet Becker dont le talent n'a rien à envier à Edvard Munch), Danoises, Suédoises, Polonaises, Britanniques, Américaines, Canadiennes, Australiennes, Néo-Zélandaises ou Sud-Africaines. Toutes, ou presque, sont totalement méconnues en France, alors qu'elles choisirent parfois ce pays comme patrie d'adoption. L’Américaine Cecilia Beau, qui est aujourd’hui reconnue, aux Etats-Unis, à l’égal de Sargent offre l’une de ses peintures à la France, sans doute de peur d’y être oubliée. Autre Américaine, Elizabeth Nourse, qui a un atelier à Etaples, et meurt à Paris, vient à d’être redécouverte dans son Ohio natal. La Polonaise Olga Boznańska meurt solitaire et oubliée dans son atelier du 49 Boulevard Montparnasse, à Paris. Oubli, également, pour la Britannique Beatrice How, qui expose pas moins de cent quarante sept œuvres au Salon de la Société nationale des beaux-arts entre 1902 et 1932. La Suédoise Julia Beck, honorée de son vivant du titre de chevalier de la Légion d’honneur, et qui s’éteint à Versailles, connaît le même sort. Son dossier de légionnaire révèle : « chaque fois qu’il est fait appel à son talent pour des œuvres de charité et tombola, Mlle Beck a toujours offert gracieusement un de ses tableaux comme lot ». C’est un point commun à la plupart de ces femmes : le dévouement et la générosité à l’égard de la France. Au cours de la première guerre mondiale, Nourse et How déploient une énergie considérable pour venir en aide aux familles françaises qui ont tout perdu. De même pour l’Américaine Sarah Tyson Hallowell, qui réside en France depuis 1894, et s’engage comme volontaire à l’hôpital de Moret-sur-Loing. Elle meurt dans cette ville et y est inhumée, près de sa mère.

Il était plus que temps de rendre hommage à ces femmes.